La vie est un jeu dont on ne connaît pas les règles... [Raimbert]

Mais dont on n'est que très rarement le gagnant...

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Le clapotis de l'eau. Une goutte de rosée qui tombe sur le sol. Un oiseau qui prend son envol. Un renard qui se tapis dans une vieille souche. Un lapin qui détalle en remarquant ledit renard. Le bruit sourd d'un galop trop rapide. Un craquement de branche, comme si un tronc s'était brisé. Le hurlement terrifié d'une dame qui chute à terre dans un bruit sourd. Le cheval n'a rien. Il s'arrête quelques mètres plus loin pour le prouver, mais la branche de bois qui permettait le passage des petits rongeurs au dessus d'un minuscule ruisseau est morte. Comme la robe blanche de la damoiselle assise dans l'eau claire, qui a heureusement glissée dans le sable fin, ce qui la préserve de tout autre dommage qu'un possible bleu. Le tissus est fichu, un beau gâchis pour une tenue qui a coûté quelques pièces d'or à la jouvencelle. Jouvencelle qui se conduit comme une vulgaire paysanne, les fesses dans l'eau, qualifiant sa chute par un long monologue bien fleurit à l'égard de son puissant destrier.

Pourtant, elle ne se relève pas. La douleur la terrasse si bien qu'elle croit pendant un instant qu'elle ne pourra plus marcher, mais un petit mouvement de son orteil gauche, du à un effort de concentration, lui démontre aisément le contraire. Au loin, l'étalon blanc semble se moquer d'elle, tout occupé à manger l'herbe tendre des sous-bois. Glaciale, elle lui adresse quelques commentaires bien sentis.

''Vas y ! Empoisonne toi cheval de malheur ! Abrutit ! Gentil et idéal pour les ballades en forêt qu'il avait dit le garçon d'écurie ! Pas plus de cervelle que son canasson ! Crétin !''

Elle tape rageusement dans l'eau, éclaboussant au passage ce qui n'est pas trempé, dont son étonnante chevelure blonde. Ses yeux bleus brillent de fureur. Toujours énervée, elle enleva ses bottes, les jetant plus loin, cherchant à viser le cheval sans trop de réelle envie. Lamentable. Voilà ce qu'elle est. Tout cela pour une petite escapade à cheval. Enfantine, elle frappe une nouvelle fois dans l'eau, inondant son visage jusqu'à maintenant épargnée par ses assauts.

Mêlé au bruit du feuillage, on entendait un jeune homme traverser le bois en bougonnant. Il était accompagné de deux loups aux caractères et morphologies bien distinctes. L'un, batifolant joyeusement autour du personnage et qui possédait un pelage roux en très mauvais état, le poil hirsute et des cicatrices parsemés sur son corps trapu. L'autre au contraire, était calme et restait près de son maître, comme effarouché par son environnement. D'un gris argenté, sa fourrure semblait s'illuminer de lumière.

Raimbert trainait une paire de bottes neuves par les lassés. C'était à croire qu'il n'était pas heureux de son achat puisqu'il insultait ce satané marchand qui lui avait refilé des chausses à un prix exorbitant. Il n'avait malheureusement pas eut d'autre choix que de les prendre, constatant que les siennes étaient bien trop abimées. Avez-vous déjà essayé de vous balader en forêt avec des bottes troués. Cela revenait au même qu'être pieds nus. C'était tout de même embêtant...

Il s'était alors posé au pied d'un arbre afin de mettre son nouvel équipement. Le jeune homme était tout de même content de posséder des bottes neuves. Comme un enfant qui découvre son nouveau jouet, Raimbert observa de long en large ces petites merveilles. Les semelles étaient de cuir renforcé et la solidité des tissus semblait être parfaite. Nul doute qu'elles allaient durées bien plus longtemps que les anciennes. Il jeta gaiement ses bottes actuelles et mit les chaussures nouvellement acquises. Il souleva alors légèrement les deux jambes, prenant équilibre sur le tronc de l'arbre et admira pendant quelques secondes ses pieds. Il s'adressa au loup gris, voyant que Kern était bien trop occupé à tourner autour de l'arbre et lui demanda son avis.

"Alors ? Ce brigand a beau m'avoir ruiné, ça reste de la bonne qualité !"

L'animal ne répondit pas, préférant bailler allègrement, montrant clairement qu'il n'avait que faire de ses affaires de pieds. Raimbert se releva d'un bond, sautilla dans ses nouvelles bottines, fit quelques pas et s'arrêta. Silver commençait à s'assoupir pendant que Kern s'était enfin assis aux côtés de son compère. Le voleur se mit face aux loups, leva les bras et les regarda la mine réjouit et convaincu comme si les deux bêtes fauves allaient lui donner leurs avis. Il allât enfin récupérer son sac quand il entendit un cri d'horreur d'origine féminine qui fit sursauter les deux loups (oui, Raimbert ne dira jamais qu'il aurait eut peur d'un bruit... C'est pas dans sa nature)

N'écoutant que son courage, il se mit à courir en direction du hurlement qui s'était tut. Il imaginait déjà que la belle était tombé sur des bandits et le jeune maître arriverait pour la sauver grâce à ses animaux, bref, il était loin de se douter de ce qui l'attendait. Arrivé, dès qu'il aperçut la jeune femme, il se cacha discrètement derrière un arbres, faisant signe aux canidés d'en faire de même. Ceux-ci s'exécutèrent et observaient alors la scène silencieusement.

Une scène d'ailleurs comique, lorsqu'on voyait la jeune femme s'énerver contre la pauvre monture qui allât tranquillement se repaitre d'herbes fraiches. Un large sourire fendit le visage de Raimbert lorsque celui-ci assista à l'agacement de la jeune femme qui ne faisait rien de bien concret si ce n'est de se recouvrir plus de boue qu'elle ne l'était déjà et envoyer ses chausses en direction de la pauvre bêtes... Savait-elle seulement combien ça pouvait coûter ce genre de botte ? Non, surement pas... Surement une bourgeoise ou une noble qui aurait voulut jouer les téméraires en forêt.. Cette idée fit grandir le sourire du garçon.

Il se décida de sortir de sa cachette et se dirigea silencieusement vers le cheval ramassant au passages les bottes de la petite sotte. Toujours sans rien dire et sans s'occuper de la jeune dame assise dans la flaque, il monta sur le destrier et la regarda enfin, flattant l'encolure de l'animal.

"C'est une bien belle bête que vous avez là... Quel dommage qui vous lui souhaitez la mort."
Un sourire ironique, il brandit les bottes récupérés, le regard amusé
"Et je suppose que si vous les avez jeté, c'est que vous n'en avez plus besoin."

Il tira une grossière révérence, la remerciant de sa générosité et se retourna sifflant ses loups de le suivre. Il savait très bien qu'elle ne pourrait pas marcher sans ses chaussures et encore moins sortir de cette forêt sans sa monture. Aussi, il s'attendait à ce qu'elle l'arrête. Dans le cas contraire, il partirait avec un nouveau compagnon et une autres paire de botte... A croire qu'il aurait mieux fait de ne pas dépenser ses quelques pièces en réserves...

La jeune femme cessa ses braillements sonores lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était observée. Ou du moins, qu'on était dans les parages. Non elle n'était pas une chasseresse en herbe, et dénicher un truc au milieu de fougères, c'était pas son truc. Comment pouvait-elle déduire qu'un truc pas forcément bon pour elle était dans le coin, alors ? Facile ! Non, ça n'était pas la sensation d'arrêt de la vie dans la forêt, qui s'était plus ou moins tue à l'approche des deux loups. Ni les oreilles baissées de son abrutit de cheval. Encore moins le halètement de la pauvre bête qui semblait stresser. Non, rien de plus qu'un jeune homme, un paysan, un, elle ne savait quoi, qui s'approcha de ses bottes, les prit dans ses grosses mains bourrues, là elle poussa un petit glapissement angoissé, avant de monter sur le cheval blanc d'un geste souple pour se tenir en selle. Elle espéra puérilement qu'il s'était fait mal avec la selle en amazone. Ça lui apprendrait à crâdosser ses affaires ! Elle le laissa faire sans comprendre, jusqu'à ce qu'il prenne la parole. Levant le menton, elle le défia du regard. Il ne semblait pas vraiment voleur pourtant... Plutôt le genre à faire les détritus du château pour chercher à manger.

Il commença à repartir, ayant talonné la monture qui obéit instinctivement aux ordres de son nouveau futur ex maître. Assise dans le sable, les jupes gonflées par l'eau, les pieds nus, la jolie blonde envisagea un court moment de rester là. Une fraction de seconde à tout casser. Elle ne résisterait pas une nuit dans cette forêt, on parlait de jeune femme dont la vertu avait été bafouée, elle ne voulait pas que cela lui arrivât. Aussi, prenant son courage à deux mains et rejetant son orgueil de femme traîtée comme une moins que rien par terre, elle se releva, s'élançant à la poursuite du cheval en courant. Elle était rapide à la course en temps ordinaires, mais avec des chaussures. Ce fut douloureux. Son cri se transforma en une plainte déchirante.

''Arrête toi ! Rends moi mes bottes ! Rends les moi ! Voleur ! Mon cheval ! Reviens ici tout de suite. Qué.... Aiiiiiie !''

Elle s'arrêta brusquement, se laissant tomber par terre où elle se tint le pied en sanglotant. Une grosse épine, tout était affaire de point de vue, mais pour elle, tout ce qui piquait était le mal, semblait enfoncée dans la chair molle et rose de la demoiselle. Les larmes lui vinrent aux yeux et son regard s'embua sous l'effet de la douleur tandis qu'elle se balançait doucement d'avant en arrière pour juguler la sensation de mal-être. La douleur physique était une chose qu'elle ne connaissait pas vraiment, vue qu'on l'avait plus souvent brise par des sarcasmes, mais un bleu plus une épine eurent raison de sa résistance. Elle en avait marre. Trop c'était trop. Sa voix hachée s'éleva dans la quiétude de la forêt.

''Je vais mourir ! Et c'est à cause de toi ! Mon dieu, ce que je souffre ! Reviens ici et tues moi ! Je ne puis supporter la douleur plus longtemps ! J'ai maaaalllll !

A peine retourné que la donzelle réagit à ce qu'il était en train de se passer. Ce n'était pas trop tôt d'ailleurs, puisque Raimbert se disait qu'elle n'allait rien dire, bien trop dépassé par la situation. Ce mettant à crier derrière le jeune homme, elle se releva, sans doute dans un élan de bravoure sans égal, afin d'arrêter la monture. Aucune politesse, aucune délicatesse... C'en était déprimant. Mais pour sa défense, elle était pieds nus, recouverte de terre et sa seule compagnie était en train de se faire la malle. Il y avait de quoi être un peu énervé.

Le voleur envoya la tête vers son épaule et commanda à l'animal d'en faire de même, se mettant de profil à la pauvre petite dame qui s'était effondré au sol tenant son pied, apparemment blessé. Raimbert siffla aux deux loups qui comprirent l'ordre et rappliquèrent au pied de la monture qui eut un rapide mouvement de panique mais se calma très vite. Le garçon eut un rire amusé, regardant la scène pitoyable qu'offrait la petite blonde.

"Vous savez, ce n'est pas en braillant comme un cerf que vous serez plus convaincante."

Bien entendu, il exagérait un peu puisque sa voix, malgré le ton désagréable, était plutôt plaisante à entendre. Tout ce qu'il voulait, c'était lui faire remarquer l'impolitesse avec lequel elle s'adressait au voleur. Voyant qu'il était impossible de se mettre à l'aise sur la selle, il se décida de descendre et s'approcha un peu de la damoiselle, le regard perplexe.

Si elle allait mourir ici ? Il était très probable si elle continuait de beugler ainsi pour une simple écharde. A quoi s'attendait-elle en courant derrière lui, les pieds à l'air ? Il se baissa à sa hauteur lui proposer son aide, l'air coupable. Non qu'il s'en voulait mais, si il la laisserait là, sa conscience se ferait un plaisir de le torturer avec ce petit détail. Il se résigna donc à l'aider et lui rendre ses chaussure pour qu'elle puisse sortir des bois au plus vite. Pour ce qui est de la monture, hors de question qu'il la rende.

"Ne dites pas n'importe quoi..." Il tendit sa main comme gage de sa bonne volonté "Je consent à vous aider si vous vous arrêtez de crier ainsi. Et de toute façon vos bottes sont bien trop petites pour moi..."

Il lui parlait comme on parle à un enfant. Il était vrai que vu la réaction de la donzelle, le rapprochement était vite fait. En proposant son aide, Raimbert ne pensa même pas que la jeune femme puisse avoir peur. Pour lui, il était tout naturel d'aider les autres (même lorsqu'on à en tête de lui dérober un cheval et que la personne secourut se montrait détestable) et l'idée de profiter de la situation ne lui effleura même pas l'esprit. Il fallait dire que Raimbert restait comme même assez naïf et était un grand idéaliste. C'est donc un sourire moqueur qu'il proposa son aide, sans arrière pensée.

Elle lui jeta un regard de chien battu lorsqu'il descendit vers elle, s'autorisant même à abaisser le menton et les épaules pour se débarrasser de toute la la dignité terrible qu'il lui restait. Elle avait vraiment mal. Et, même si elle n'était pas du tout résistante face à la douleur, ça n'était pas une raison pour se moquer d'elle. Une écharde, ça faisait un mal de chien.
Ses yeux bleus humides le regardèrent s'arrêter pour sauter de sa monture et s'avancer vers elle en se moquant de sa personne. Elle faillit répliquer qu'elle ne braillait pas mais criait au voler quand elle remarqua qu'il s'était quand même stoppé pour lui porter secours. Ce qui prouvait que si son voleur en était bien un, il possédait un peu de coeur et une pointe de pitié pour ses victimes. Une grosse larme coula le long de sa joue. S'écrasant sur sa robe humide. Elle était vraiment tout au fond du gouffre cette fois-ci...

Il s'approcha d'elle, lui tendant sa main en prononçant quelques paroles réconfortantes. Ou moqueuses. Au choix. De toute façon elle n'était plus à ça près alors. Timidement elle tendit sa main plutôt fine vers la sienne et consentit à la saisir, s'aidant de cet appui pour se relever sur une jambe. Mais, brusquement, comme emportée par son élan, elle se laissa glisser contre lui, se collant à son torse musclé -whouuuua. Petite vengeance, parfaitement calculée pour ces multiples affronts. Enfin, s'il était gêné en compagnie des femmes qui se montraient trop entreprenante, ou qu'il ne savait pas y faire avec elle. La tête sur son épaule, elle ne cessait de pleurer, mais plus par comédie qu'autre chose. Après tout, elle prenait un malin plaisir à le torturer de la sorte. D'une voix hâchée, grande dame, elle lui fit part de sa pensée.

''Merci... je vais pouvoir rentrer maintenant, ou, tout du moins, je ne me prendrai par une autre épine dans le pied grâce à mes bottes...''

Elle jeta un regard aux loups, vaguement inquiet. Puis, plongeant la tête contre le tissus du jeune homme, vraiment rêche le tissus d'ailleurs, elle s'appliqua à le rendre de plus en plus gêné. Plus de manière à lui faire regretter ses paroles qu'autre chose. Elle agrippa de sa main qui ne serrait pas les doigts du jeune homme le tissus rêche, s'appliquant à parfaire son rôle de demoiselle en détresse. Ses boucles blondes humides rendaient la scène que plus vraie, il n'aurait manqué que la pluie et une bonne scène de massacre autour pour parfaire le décor. Quoi que, elle ne savait pas si elle aurait supporté l'odeur sans tomber dans les pommes. Et même, quitte à faire semblant pour augmenter la gêne de son jeune sauveur, il n'aurait pas fallut qu'il la lâche dans ce lieu macabre. Imaginez un peu vous réveillez à côté d'un cadavre ?
Non, décidément non, la scène de demoiselle sauvée était parfaite, hormis une bonne averse qui aurait parfait le tout au lieu de ce splendide soleil à peine ombragé par les feuilles de la forêt.

Spoiler:

Ah, il était beau le voleur... Lui et ses valeurs du dimanche ! Raimbert aurait dû se reconvertir en moine. Habituellement, il n'aidait pas ses victimes. Habituellement, celle-ci n'étaient que des hommes à défaut de ne pas s'en rendre compte. Surtout en pleine forêt. Qu'est-ce qu'il attendait exactement ? Il n'avait qu'à dépouiller la jeune femme, lui dérober tout ce qu'elle possédait et s'enfuir à cheval. Non, il en était incapable. Incapable de faire du mal. Même de la part de pauvres orphelins, Raimbert avait reçut une éducation de gentleman (...ou pas) mais, il ne se souvenait pas que son ancien ami et mentor lui est apprit à être bon envers la gente féminine. Alors d'où venait cette nature.

Oui, parfois, il aurait aimé s'auto-injurier, se remettre les idées en place et redevenir le brigand qu'il voulait être. Il se disait qu'après avoir la jeune femme à se relever, il partirait le plus vite et se débarrasserait de cette culpabilité en paix. Oui, il pensait qu'il le ferait quand, en s'appuyant sur sa main, cette petite sotte lui tomba littéralement dans les bras. Emporté par la force de son élan, il recula d'un pas et buta contre le vide en se rendant compte de la légèreté de la dame. Cette dernière ne semblait pas non plus gêné de la situation, profitant de s'agripper à lui comme une sangsue. Les deux fauves au pied de garde surveillaient tout les mouvement de la jeune femme, de peur qu'elle ne fasse un mouvement qui pourrait être fatal à leurs maître. Winstan lui, ne pouvait même pas imaginer une telle chose. Pas assez méfiant envers la gente féminine. Pourtant, elle aurait très bien put cacher un poignard sous ses jupon et profiter de la situation pour assassiner le jeune homme.

Maudit soit son âme charitable ! Que faire ? Non, ça ne lui arrivait pas tellement souvent pour savoir exactement ce qu'il devait faire à présent. Pourtant, malgré lui, il profita de se moment un peu étrange. Il ne put s'empêcher de humer le parfum de la dame qui s'échappait de ses boucles blondes et soyeuses et même couverte de boue, la douceur de sa peau n'était pas désagréable. Il était prit entre deux sentiments tout deux bien différents. Il aurait voulut la caresser, palper sa peau et ses cheveux, profitant de la situation (comme l'aurait fait n'importe quel homme, d'ailleurs...) et était paralyser à cette seule idée. Il ne put malheureusement faire grand chose puisque la culpabilité et sa bonté l'empêchait d'agir. Ceci engrangeant cela, il fut prit d'une gêne extrême, ne sachant plus où se mettre.

Après quelques minutes sans rien dire (pourtant, il avait entendu la jeune femme le "remercier" mais n'osa pas répliquer), il prit les épaules de la jeune femme et la repoussa, reprenant peu à peu ses esprits. Vu comme c'était partie, il fallait écourter ce moment au risque de voir son butin s'envoler. Sa bonté était telle qu'il aurait même put raccompagner la dame jusqu'à chez elle... Non, il fallait rester strict. Sinon, c'est lui qui se ferait manger par les autres et peut-être et surtout par ses propres sentiments.

"Heu... Hem... Oui... Tâchez de ne pas vous perdre..."

Il hésita pendant quelques secondes à se retourner, à partir et à la laisser là. Il n'avait rien à faire de pressant mais rester ici, c'était se torturer pour rien. Sur le coup, une pensée un peu plus mature et intelligente lui vint. Si elle faisait partie de la noblesse, il pourrait peut-être profiter et en s'attirant ses bonnes grâces, pourrait s'accaparer un peu de sa fortune... ? ... Non, c'était une idée stupide, idiote, sans aucun fondement ! Aucun noble n'accueillerait à ras ouvert un bon à rien, un simple villageois et qui plus est un voleur. De toute façon Raimbert n'aimait pas jouer avec les sentiments des autres et n'était pas doué pour ça. Il se retourna, décidé, et remonta sur la monture tentant de se mettre le plus à l'aise possible...

"Camelot n'est pas très loin. Continuez tout droit dans cette direction."

Il pointa sa gauche du doigt et attendit que son interlocutrice se mette en route pour s'en aller à son tour, n'étant pas très bien résolu à la laisser traverser la forêt toute seule...